7 – La Grèce et la Turquie au XXe siècle – Un gros ouvrage
de 700 pages de Dimitri Kitsikis, sous presse
Voici un extrait de l’ouvrage qui montre que la géopolitique de la région de la
mer Égée demeure inchangée, malgré le temps :
Un article anglais de l’India Times, du 21 octobre 1908, disait: "L’organisation d'une Turquie
forte et bien gouvernée est un coup mortel porté aux espérances de la Russie de
régner sur le Bosphore et aux espérances de l'Autriche relatives à un port sur
la mer Égée . . . C'est l'intérêt des Grecs, dans le monde entier, de soutenir
la constitution turque". Alors, pourquoi, est-ce , en Grèce, dans le
"parti oriental" et non dans le "parti occidental"
pro-anglais, que l'on rencontre les partisans les plus enthousiastes de la
collaboration gréco-turque ?
La réponse est que, pour
le "parti occidental", les rapports gréco-turcs étaient une question
d'opportunité politique et pouvaient donc varier selon les circonstances. Rien
ne les attirait vers le monde turc qui représentait l'antithèse de leurs
aspirations. Ils ne croyaient qu'à la civilisation occidentale et niaient la
civilisation de la région intermédiaire.
Au contraire, pour le
"parti oriental", les relations avec les Turcs étaient mues par le
sentiment d'appartenance à une même aire de civilisation qu'il fallait, à tout prix,
conserver, contre 1'intrusion occidentale. Ils étaient hellénoturquistes par idéologie.
La montée du panslavisme dans la deuxième moitié du XIXe siècle,
transforma les russophiles du "parti oriental" en anti-slaves. La lutte
macédonienne contre les Slaves, au début du XXe siècle, pour donner la
Macédoine à la Grèce, persuada les "orientaux" de la nécessité d'une barrière
gréco-turque contre le danger slave. Mais pour eux,il s'agissait d'une querelle
de famille, d'une lutte millénaire à l'intérieur de la région intermédiaire: qui
des trois aurait la première place à Constantinople ? Le Russe, le Turc ou le Grec ?
En tout cas, que l’étranger, l'Occidental, se tienne à l'écart: "l'Orient aux
Orientaux" s'écrie Souliotis, à la veille de la première guerre mondiale.
Dimitri Kitsikis 12 octobre 2018
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