5 - Entrevue de Dimitri Kitsikis
Professeur émérite, département d’Histoire, Université d’Ottawa,
Membre régulier de la Société royale du Canada,
Président d’honneur de la Fondation publique «Dimitri Kitsikis»,
donnée le 11 août 2016
et publiée dans la revue québécoise «Le Harfang», en avril 2017
et publiée dans la revue québécoise «Le Harfang», en avril 2017
Le Harfang - De nombreux aspects de l’indépendance
du Québec ont été
étudiés par les think-tanks et les partis souverainistes au cours des dernières décennies. Considérez-vous que l’aspect géopolitique a été suffisamment étudié ?
étudiés par les think-tanks et les partis souverainistes au cours des dernières décennies. Considérez-vous que l’aspect géopolitique a été suffisamment étudié ?
D.K - Non.
La géopolitique était bannie en Occident (et donc dans son
appendice québécois) jusqu’à la chute du camp communiste, en 1989, car elle
était considérée liée à Karl Haushofer et à la théorie hitlérienne de l’espace
vital. Moi-même, en tant que spécialiste de géopolitique, continuateur de
Halford Mackinder et de Karl Haushofer, j’étais considéré comme fasciste. De
même, était considérée comme anti-scientifique l’étude de la psychologie des
peuples, à laquelle je m’adonnais, et comme secondaire toute explication fondée
sur le fait civilisationnel et religieux.
Ce qui dominait alors, chez les
universitaires québécois des relations internationales était une explication
marxiste édulcorée de lutte des classes, dans le contexte de l’affrontement
entre le camp capitaliste et le camp socialiste. Avec une connaissance presque
inexistante de la géographie mondiale, un spécialiste pakistanais du Tibet, à
l’Université Laval, était considéré comme un extra-terrestre. Un autre
universitaire québécois de relations internationales mettait sur le même pied
la Roumanie communiste et la Mongolie communiste, parce que ces deux pays
appartenaient à l’époque au camp communiste, sans tenir compte du fait qu’ils
étaient inclus, depuis toujours, dans deux régions de civilisation différentes,
la Roumanie à la Région intermédiaire et la Mongolie à l’Extrême-Orient.
Après 1989 et la chute du camp communiste,
la géopolitique devint à la mode et tous ceux qui s’occupaient de relations
internationales s’autoproclamèrent géopoliticiens. Cela devint franchement
comique.
H –
Projetons-nous dans un scénario fictif de Québec souverain.
Croyez-vous qu’un état francophone, au sein d’un bloc anglo-saxon, serait politiquement viable?
Croyez-vous qu’un état francophone, au sein d’un bloc anglo-saxon, serait politiquement viable?
D.K. - Oui
et non. Oui, en tant que petit pays, protectorat des États-Unis, comme le
Kossovo ou le Kuweit, par exemple. Non, en tant que pays puissant et influant,
comme l’est Israël, par exemple.
Fondé, sur ma connaissance de l’Empire ottoman qui était
une confédération multi-religieuse et multi-ethnique et de son démembrement en
États-nations, je considère que la fondation de la Grèce, du Kossovo ou de la
Syrie, en tant qu’États-nations, les a rendus entièrement dépendants des
Grandes Puissances, alors que son maintien dans l’Empire ottoman leur avait
permis de jouir d’une décentralisation administrative et d’une autonomie de
leur religion, de leur langue et de leurs coutumes.
Dans l’État indépendant de Grèce, par exemple, il a
toujours existé deux partis, celui des indépendantistes qui se félicitaient de
la sécession de 1821 et les fédéralistes qui regrettaient que la Grèce se
soit détachée de l’Empire ottoman. Aujourd’hui, le camp fédéraliste reprend du
poil de la bête.
H - Quelles garanties aurait un Québec souverain pour se défendre, face à des voisins, comme les Etats-Unis et le Canada ?
D.K. - Aucune
garantie, sauf si le Québec se liait immédiatement, dans un contexte
confédéral, à la France
H - Marine Le Pen, lors de son passage à Québec a discuté de l’idée de refaire un bloc d’influence, genre Commonwealth, basé sur la
Francophonie. Par le passé, plusieurs penseurs comme Raoul Roy ont
avancé l’idée de Francité, ce qui est très différent. Existe-t-il une solidarité francophone et la Francophonie pourrait-elle devenir un contrepoids aux puissances anglo-saxonnes ?
H - Marine Le Pen, lors de son passage à Québec a discuté de l’idée de refaire un bloc d’influence, genre Commonwealth, basé sur la
Francophonie. Par le passé, plusieurs penseurs comme Raoul Roy ont
avancé l’idée de Francité, ce qui est très différent. Existe-t-il une solidarité francophone et la Francophonie pourrait-elle devenir un contrepoids aux puissances anglo-saxonnes ?
D.K. - Bien
que partisan de Marine Le Pen, je considère comme seule planche de salut pour
le Québec, non pas le Commonwealth francophone, à l’exemple du Commonwealth
britannique, mais la francité, fondée sur la race. Le mot race ne doit pas être
pris dans le sens raciste, mais dans le sens de «genos» grec, qui n’est ni la
nation, ni la communauté de sang, mais une origine historique commune, fondée
sur la langue et la religion.
Je considère que la révolution tranquille au Québec,
ainsi que Vatican II en Europe, dans les années 1960, a été un coup de poignard
porté à la francité, car jusqu’ à cette époque, l’entité France-Québec était la
fille aînée de l’Église. Sa déchristianisation brutale a marqué la fin du fait
français. Seul un régime musclé de Marine Le Pen, avec le soutien d’un Québec
fasciste intégriste, pourrait renverser la vapeur.
H - Par ailleurs, l’émergence d’un monde multipolaire nuirait-il ou serait-il bénéfique à la création d’un Québec souverain ?
H - Par ailleurs, l’émergence d’un monde multipolaire nuirait-il ou serait-il bénéfique à la création d’un Québec souverain ?
D.K. - Toute
unification de la planète sous la houlette du globalisme des banques marque la
fin des peuples, des civilisations et des religions. Un monde multipolaire
s’impose, fondé sur les civilisations et les cultures. Le monde chrétien ne
peut que s’opposer au monde musulman et le Québec appartient au monde chrétien.
H - Plusieurs
penseurs, comme Pierre Hillard, avance que les
indépendantismes nuisent finalement, car ils affaiblissent les nations face aux organismes supranationaux (Union européenne). Partagez-vous cette opinion et cela s’applique-t-il au Québec ?
indépendantismes nuisent finalement, car ils affaiblissent les nations face aux organismes supranationaux (Union européenne). Partagez-vous cette opinion et cela s’applique-t-il au Québec ?
D.K. - L’Union
européenne est moribonde. Il s’agit du passé. Les organismes supranationaux
sont actuellement aux mains des banques et donc nuisibles. L’indépendantisme
doit s’adapter aux confédérations, telles que celle de la francité.
H - L’eau semble devenir un enjeu géopolitique
majeur à l’échelle
mondiale, le Québec, importante réserve d’eau potable, en fait-il
assez pour défendre cette ressource et en tirer avantage ?
mondiale, le Québec, importante réserve d’eau potable, en fait-il
assez pour défendre cette ressource et en tirer avantage ?
D.K. - L’eau,
mondialement, est devenue aussi importante que le pétrole. Le Québec devrait
revendiquer énergiquement sa part, dans l’exploitation de l’Océan arctique qui,
de plus en plus, deviendra un centre géopolitique mondial. Le Québec doit avoir
les yeux fixés sur le nord, vers la mer Arctique qui la sépare de la Russie, et
non vers le sud, vers les Etats-Unis et l’Amérique latine.
H - La
religion semble revenir à l’avant-plan, en géopolitique, au
Moyen-Orient, mais aussi en Europe de l’Est et même aux Etats-Unis où la religion est souvent invoquée par les néo-conservateurs. Croyez-vous que l’Occident reviendra, à moyen ou long terme, à une religiosité plus marquée ?
Moyen-Orient, mais aussi en Europe de l’Est et même aux Etats-Unis où la religion est souvent invoquée par les néo-conservateurs. Croyez-vous que l’Occident reviendra, à moyen ou long terme, à une religiosité plus marquée ?
D.K. - André
Malraux dans les années 1960, au moment même où le Québec et la France se
suicidaient religieusement, avait prévu que le XXIe siècle serait religieux.
Actuellement, le Québec demeure une momie despiritualisée. Il est temps que le
catholicisme revienne au galop.
H - L’adhésion à l’OTAN, l’ALENA et autres représente-elle un boulet
pour l’émancipation du Québec ?
H - L’adhésion à l’OTAN, l’ALENA et autres représente-elle un boulet
pour l’émancipation du Québec ?
D.K. - L’OTAN
a déjà été condamnée par Donald Trump comme surannée. Son arrivée, fort
souhaitée, à la présidence des États-Unis donnera la réponse à cette question.
-------------------------------------------------
Afin de répandre l'idéologie du national-bolchevisme, non seulement en Grèce, mais également en France, au travers de ma collaboration avec les éditions Ars Magna, de Nantes et les éditions Avatar,de Paris,j'ai également collaboré avec les nationalistes québécois et, plus précisément avec le «Cercle Jeune Nation» animé par l'intégriste catholique, le professeur Jean-Claude Dupuis.Dans son ouvrage ci-dessous,Dupuis retrace les grandes lignes de notre action commune dans le Québec des années 1990, au travers de notre revue «Cahiers de Jeune Nation», dans laquelle j'avais publié plusieurs articles.Dimitri Kitsikis
ΑπάντησηΔιαγραφήhttps://manuscritdepot.com/livres-gratuits/pdf-livres/n.jean-claude-dupuis.4.pd
Voir, en particulier, le livre de Jean-Claude Dupuis, «Au temps de Jeune-Nation». Dimitri Kitsikis
ΑπάντησηΔιαγραφή